Quels examens faut-il pratiquer sur une parcelle dont on veut faire une analyse de sol?
Les conseils de Pascal MATHIEU Agronome au laboratoire CESAR |
Il est recommandé dans la mesure du possible de faire certaines observations sur la parcelle de terre dont on souhaite une analyse physico-chimique.
Et cela pour deux raisons :
- d'une part, ces observations aideront à bien définir la zone de prélèvement.
- d'autre part, on en tirera des éléments de compréhension du sol qui complèteront les données de l'analyse.
Observations de surface
L'aire que l'on souhaite analyser parait-elle homogène?
L'observation du sol nu est importante : couleur, pierrosité, texture.
S'il l'un de ces 3 paramètres change à vue d'oeil la conclusion est que la parcelle est hétérogène.
Si comme dans l'exemple illustré ci-dessus, la parcelle présente 2 zones significativement différentes, alors
il est alors conseillé de faire 2 prélèvements (afin de réaliser 2 analyses distinctes). En tout cas, il ne faut jamais mélanger la terre des 2 zones.
Observation de profil de sol
La connaissance de l'épaisseur de sol est un réel atout.
L'épaisseur de sol est la hauteur depuis la surface jusqu'à la roche mère.
Affleurement de la roche mère (calcaire) dans une prairie : sol très superficiel. |
bordure d'un champ présentant un profil naturel. Roche mère (cristaline) à -15cm |
L'idéal est de pouvoir visualiser un profil de sol, rarement apparent naturellement.
Lorsqu'on creuse un profil, il faut le rafraîchir afin de bien le lire.
Un profil permettra en outre de :
- distinguer (éventuellement) plusieurs horizons (couleurs, textures, pierrosités)
- mettre en évidence des problèmes de compaction, de semelle de labour
- apprécier la structure du sol
- révéler une hydromorphie de profondeur (à travers des traces de gleys ou pseudo-gleys par exemple)
- observer (si des végétaux sont en place) les systèmes racinaires, leur développement, leur positionnement, leurs contraintes
- observer les galeries des vers de terre, leur densité
A défaut de creuser un profil, si l'on a à disposition une tarière, on pourra sonder et examiner les différentes carottes issues d'un point de prélèvement. La texture, la couleur permettront de savoir à quelle profondeur le sol change. Bien entendu, la pierrosité élevée est une contrainte à la réalisation de ce sondage.
De tout ceci, on pourra en déduire :
La profondeur de prélèvement (dans le cas par exemple de plantation d'arbre ou de vigne) : si un horizon de sol et un horizon de sous-sol apparaissent clairement, alors on aura intérêt à réaliser une analyse de sol et une analyse de sous-sol. La lecture du profil permettra d'être plus juste sur les profondeurs à considérer.
En arboriculture, comme pour la vigne (pour le choix du porte-greffe), si un niveau de sous-sol (avant roche mère) se distingue de celui du sol, alors au minimum une analyse du calcaire total et du calcaire actif du sous-sol est souhaitable, pour confirmer (ou infirmer) un statut acido-basique voisin de celui du sol.
Si le sol présente une bonne structure, l'absence de semelle, bénéfiques pour les cultures, ou au contraire, si la structure est dégradée, s'il y a une compaction en profondeur avérée ; des travaux adéquats pourront alors être mieux définis (du simple binage au sous-solage,..)
Si le sol est convenablement drainant, ou présente de fortes contraintes hydriques dans un sens comme dans l'autre (fortement séchant, pouvant lessiver, ou au contraire imperméable, asphyxiant, pouvant noyer les systèmes racinaires..) ; idem pour les travaux (drainage,..).
La Pierrosité en particulier
La pierrosité s'évalue sur le terrain.
En effet, l'analyse de terre porte sur la fraction inférieure à 2mm. Dans de rares cas, la fraction supérieure (appelée refus à 2mm) est quantifiée au laboratoire.
Mais dans tous les cas (avec ou sans refus à 2mm demandé au laboratoire), l'analyse ne quantifie pas les éléments très grossiers : galets, pierres. Or, dans une parcelle agricole en particulier, les éléments grossiers de 2mm à plusieurs dizaines de cm peuvent être très présents.
Les propriétés physiques (hydriques en particulier, la réserve utile, la densité), chimique (capacité d'échange globale, richesse en éléments), et biologiques vont dépendre de la pierrosité.
Il est donc important, à défaut de la mesurer, de l'estimer sur le terrain.
Cette information intéresse le laboratoire : elle est demandé sur la feuille de renseignement qui doit accompagner l'échantillon pour analyse
En conclusion, les observations sur le terrain sont un préalable à l'analyse de terre et en sont complémentaires.
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Photos : Pascal MATHIEU